« Permettre aux personnes âgées de rester le plus longtemps possible à domicile et dans de bonnes conditions », Alain Delebarre

Publié le : 29 mars 2018-Mis à jour le : 12 avril 2018

En application de la loi d’adaptation de la société au vieillissement, la CNSA apporte un appui technique aux équipes médico-sociales des départements. Entretien avec Alain Delebarre, médecin à la direction de l'Autonomie et de la Santé du Département du Pas-de-Calais.

- En quoi consiste votre fonction ?

J’ai rejoint la direction de l'Autonomie et de la Santé du Département du Pas-de-Calais il y a 3 ans, après 35 années d’exercice comme médecin généraliste, 16 années en EHPAD et 3 ans comme médecin expert « personnes âgées-personnes handicapées » à la Maison départementale de l’autonomie de l’Arrageois. J’interviens sur tous les projets médicaux, en appui des chargés de mission de la direction.

- Que vous apportent les rencontres entre équipes médico-sociales organisées par la CNSA ?

Ce type de réunion n’existait pas auparavant. En côtoyant les équipes des autres départements, nous prenons conscience des différences de pratiques qui existent et, par conséquent, de la nécessité de les harmoniser pour que les réponses aux usagers soient équitables d’un département à l’autre. Petit à petit, nous avons ainsi construit un réseau de partage d’expériences. Cela manquait.

Au-delà de l’échange de pratiques, ces réunions sont aussi un temps d’explicitation des sujets d’actualité. C’était important pour accompagner la mise en œuvre des mesures de la loi d’adaptation de la société au vieillissement : la conférence des financeurs de la prévention de la perte d’autonomie, les aides techniques, l’aménagement des logements, la carte mobilité inclusion et l’aide aux aidants…

- Quels sont les enjeux ou projets importants du moment ou vous ayant mobilisé ces derniers mois ?

La loi d’adaptation de la société au vieillissement est une avancée indiscutable pour les personnes âgées. La première mesure concrète, mise en œuvre rapidement pour les personnes âgées, fut la revalorisation du montant des plans d’aides APA (allocation personnalisé. Dans le Département du Pas de Calais, les équipes ont réétudié la participation financière (ticket modérateur) de plus de 27 000 bénéficiaires et ont révisé 6 000 plans d’aide. Parallèlement, la mise en œuvre de la loi a nécessité d’outiller les professionnels, de faire évoluer leurs pratiques.

Ainsi, nous avons participé à l’élaboration et aux tests du référentiel de l’outil d’évaluation multidimensionnelle (46 départements ont participé aux travaux). Depuis, nous avons formé les équipes d’évaluation (150 professionnels) à son utilisation. Nous avons construit le programme de formation autour du « projet de vie » de la personne âgée. On y pense beaucoup lorsque la personne entre en établissement, mais c’est tout aussi important dans le maintien à domicile. C’est aussi indispensable de demander leur avis aux personnes et de les écouter. Pour cette formation, nous avons bénéficié de la participation du Professeur Puisieux, responsable médical de la clinique de gérontologie du centre hospitalier universitaire (CHU) de Lille.
En 2017, la carte mobilité inclusion a remplacé les cartes de priorité, stationnement et invalidité. Là encore, il a fallu accompagner les équipes d’évaluation. C’est un projet que nous avons mené avec la MDPH qui a aidé les professionnels du département à utiliser le guide des incapacités.

Autre chantier important pour nos équipes, l’amélioration de l’accès aux aides techniques. La mise en place de la conférence des financeurs a suscité une réflexion plus large sur le sujet au sein des équipes du département. Nous avons commencé par élargir la liste des aides techniques pouvant bénéficier d’une prise en charge dans les plans d’aide, en y incluant de nouvelles technologies. Nous avons édité un guide pour aider l’équipe médico-sociale APA à repérer les aides techniques qui peuvent faciliter le maintien à domicile des personnes âgées, mais l’avis définitif relève bien entendu des ergothérapeutes. Le département, en collaboration avec la CNSA, travaille sur le projet d’une « technicothèque » (principe d’économie circulaire), une action phare du Pacte des Solidarités du schéma départemental du Pas de Calais.

À l’avenir, j’aimerais que nous puissions améliorer le repérage du syndrome de fragilité. On vit vieux en France, mais, en comparaison à d’autres pays, la période avec perte d’autonomie est trop importante. Il nous faudrait donc un outil de repérage des signes de fragilité utilisable facilement lors de l’évaluation multidimensionnelle. Actuellement, on fait beaucoup de prévention « primaire » de la perte d’autonomie, mais pas suffisamment de prévention « secondaire » ou « tertiaire ».

© Yannick Cadart / CD62

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